« Jeanne Rochette n’est pas ce petit bout de femme qu’elle veut bien nous donner en pâture. Cette distorsion de la réalité est encore plus saisissante à l’écoute de ce nouvel album. La « malhonnête » aurait-elle « caché » son jeu ? De « Cachée » à « Malhonnête », il y a un album, il y a surtout un voyage.
La robe à fleur a laissé place au cuir, et les histoires qu’elle égrène depuis 10 ans sont plus cinglantes. « Pas dupe », « Pathétique », « Quand je m’aime pas ». Effeuiller les titres de ce disque nous donne le sentiment d’une introspection sur sa part d’ombre, alors qu’en fait ce sont des chansons lumineuses. « Malhonnête » mais sincère, c’est toute la dualité de cet album. Ce n’est pas un album autocentré, c’est un album miroir, on s’y retrouve, on s’y perd avec plaisir. Les paroles sont précises, les guitares plus saturées, la basse pose les fondations et le piano sert de socle à l’écriture. Et quand le sujet est plus sensible, les cordes viennent nous envelopper. Une forme d’urgence ressort dès la première écoute, l’énergie que Jeanne Rochette réservait habituellement à la scène est insufflée dans ces 12 chansons. Tour de force pour celle qui déployait une onde radieuse et séductrice pour un public captif, signe des temps d’une année amputée de concert, ce disque contient cette énergie pour un public sans salle. Disque intemporel et ancré dans une réalité de jeune femme aux deux pays.
« Un mélange de fils en bordel » comme dans sa chanson, c’est aussi ça un disque de grande personne. « ALEX JAFFRAY